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Valerie touzé
Psychologue clinicienne à Saint-Maur-des-Fossés
 
 
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Conférence : La dépression selon Nasio, psychiatre et psychanalyste


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 J’ai choisi de vous parler de la dépression via trois conférences du psychiatre, psychanalyste, Juan-David Nasio. Je n’évoquerai que la première intitulée :

  1. qu’est-ce que la dépression ? Et vous laisse librement découvrir les deux autres :
  2. Est-ce que je risque de tomber en dépression ?
  3. Comment agir avec un patient dépressif ?

Nasio nous offre sa vision de cette maladie classée dans les troubles de l’humeur laquelle peut se décliner sous diverses formes et peut être d’intensité légère, moyenne ou sévère. Il l’analyse d’un point de vue descriptive et d’un point de vue psychanalytique.

Selon lui, la dépression est la rupture d’un équilibre affectif qui était déjà précaire par un choc émotionnel repérable, factuel ou plus insidieux relié à un traumatisme dans l’enfance. C’est le basculement d’une illusion, une chute due à une perte. C’est pourquoi il la nomme pathologie de la désillusion.

Du point de vue descriptif, on la reconnaît à travers des signes cliniques. Il faut au moins cinq symptômes présents et ce pendant deux semaines pour parler de trouble dépressif : C’est un ensemble de symptôme observable :

Une tristesse dépressive, invasive laquelle s’immisce douloureusement. Elle est un mélange d’anxiété, d’angoisse et se différencie d’une tristesse ordinaire réactive à un événement. Une tristesse telle qu’elle devient douleur morale et entraîne le malade vers le fond (voir tout en noir).

Un obsédant et autodévalorisant repli sur soi : le dépressif rumine et se claustre sur lui-même (une pathologie de la haine contre un Autre et contre soi). La dépression a des conséquences sur l’estime de soi.

La perte de toute intérêt, de tout désir : il n’a plus le goût de l’autre, des relations sociales. Le désir est toujours là mais le déprimé a perdu la faculté de le percevoir en lui.

La fatigue, la lassitude

Le ralentissement global

Les troubles cognitifs (attention, concentration, mémoire…)

Les idées suicidaires

Les troubles de nature somatique (appétit, sommeil…), plainte somatique répétée (mal de dos, de ventre, de tête…), troubles de l’alimentation…

D’un point de vue psychanalytique, les signes citées sont les mêmes mais parfois plus nuancés et imbriqués à des symptômes névrotiques. L’état dépressif s’installe après un choc émotionnel (un seul événement douloureux ou des micro événements mais répétés) noués à des traumatismes anciens qui ont laissés des traces durables. Selon Nasio, la dépression n’est pas une entité en soi mais elle est le signe d’une décompensation névrotique. En fait, le choc émotionnel rompt un équilibre déjà fragile. Le patient dépressif est insatisfait, susceptible, pessimiste, impuissant, désabusé. Son humeur est maussade et sa plainte semble infinie. Pour l’analyste, la dépression est le signe d’une éventuelle décompensation névrotique (elle peut-être aussi de nature psychotique). Qu’est-ce qu’une décompensation névrotique : la faillite de l’élément stabilisateur qui permettait de vivre sa vie. Quel est le stabilisateur ? Une double illusion, celle d’un « moi merveilleux » et l’illusion de recevoir un amour sans défaut. Lors d’un choc émotionnel, la personne perd cette double illusion. C’est donc un basculement d’une illusion infantile de toute puissance à une désillusion amère et douloureuse. C’est pourquoi il nomme la dépression de pathologie de la désillusion. Il y a un basculement dû à un choc émotionnel associé à un trauma plus ancien.

De quelle perte d’illusion, la dépression est-elle le nom ? La peur de la perte d’un objet qui le fait tenir, le rassure : perdre la jeunesse, la santé, un amour, le travail, une position professionnelle, la féminité, la virilité, un bien, une valeur, un idéal social… Il y a un attachement maladif, une dépendance à cet objet d’amour (un être, une idéologie, un objet…) dont il dépendait sans toujours en avoir conscience. Si cet objet se montre défaillant, le sujet pré-dépressif a le sentiment de tout perdre. Cette perte est vécue comme inadmissible et injuste, ce qui le meurtrit profondément. C’est aussi l’effet pathogène de la haine contre celui qui a donné cette désillusion et contre soi-même qui en a été incrédule. Une désillusion triste et haineuse. Et là la personne chute, s’enfonce et tombe dans la tristesse dépressive. Il n’a plus aucune valeur. Le clinicien doit alors repérer si la névrose est hystérique, phobique ou obsessionnelle. Comme le dit Nasio « La dépression est l’écume d’une névrose au même titre que la fièvre est l’écume d’une bronchite. » Nasio cherche l’homme narcissiquement blessé sous le dépressif. Il insiste sur l’importance des traumatismes de toutes sortes dans la genèse des états dépressifs. Ces traumatismes, manquements, empiétements ou blessures n’ont pas permis la construction d’un bon narcissisme primaire celui qui permet d’avoir le sentiment de valeur de soi, de s’investir soi-même de manière réellement positive. Le dépressif est un être hautement narcissique (un narcissisme négatif) non parce qu’il s’aime lui-même mais parce qu’il se hait. Par exemple, chez le phobique, le choc émotionnel peut se lier à un psychotraumatisme d’abandon ou de rejet, perte de l’illusion d’un amour surprotecteur.

Pour que la personne puisse sortir de cet état dépressif qui le tenaille de toute part, il faut un accompagnement pluridisciplinaire. Le psychiatre, si nécessaire donne un traitement médicamenteux, qu’il faut associer à une thérapie pour permettre un changement psychique suffisamment significatif du patient.

  • Voir aussi la très bonne vidéo du psylab Six bullshits sur la dépression 
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  • A télécharger, brochure d’information sur la dépression La dépression en savoir plus pour en sortir.

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